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Brésil: Bolsonaro soupçonné de "participation active" dans un projet de Coup d'Etat
Brésil: Bolsonaro soupçonné de "participation active" dans un projet de Coup d'Etat / Photo: Sergio Lima - AFP/Archives

Brésil: Bolsonaro soupçonné de "participation active" dans un projet de Coup d'Etat

Jair Bolsonaro a "participé activement" à un projet de Coup d'Etat pour se maintenir au pouvoir en 2022 et avait "pleinement conscience" d'un plan d'assassinat de son successeur Lula, selon un rapport de police accablant pour l'ex-président d'extrême droite.

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Ce rapport de 884 pages a été envoyé mardi au bureau du procureur de la République Paulo Gonet, qui doit à présent décider s'il donne suite à la demande d'inculpation de la Police fédérale visant M. Bolsonaro et 36 autres personnes, notamment des militaires.

"Les éléments de preuve obtenus tout au long des investigations ont montré sans équivoque que Jair Bolsonaro a planifié (...) et a pris part de façon directe et effective aux actes d'une organisation criminelle qui avait pour objectif un coup d'Etat qui n'a pas eu lieu en raison de circonstances allant contre sa volonté", détaille le rapport de police.

Selon les enquêteurs, le plan de coup d'Etat aurait "avorté" en raison du manque de soutien de la part des principaux commandants de l'armée brésilienne.

Jair Bolsonaro, 69 ans, a toujours clamé son innocence et s'est dit à plusieurs reprises victime de "persécution politique".

"Le terme +coup d'Etat+ n'a jamais fait partie de mon lexique", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse lundi.

Mais les enquêteurs assurent que M. Bolsonaro avait "pleinement conscience" et avait "participé activement" aux "actes clandestins visant à abolir l'Etat de droit démocratique".

Selon le rapport, l'ancien chef de l'Etat avait également "pleinement conscience" de l'opération "Poignard vert et jaune" qui visait à assassiner Lula, son vice-président élu Geraldo Alckmin et le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes après l'échec du dirigeant d'extrême droite dans sa tentative de réélection face à au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Lula l'a emporté lors d'une courte marge au second tour fin octobre 2022 et a débuté le 1er janvier 2023 son troisième mandat, après un premier passage à la présidence de 2003 à 2010.

- Émeutes de Brasilia -

La semaine dernière, une opération policière liée à cette vaste enquête s'était soldée par l'arrestation de quatre militaires et d'un policier, soupçonnés d'avoir fomenté le plan de triple assassinat, qui devait être perpétré avant l'investiture de Lula.

Selon les enquêteurs, un document détaillant le modus opérandi, qui citait l'empoisonnement parmi les méthodes envisagées, a été imprimé par un des suspects au Palais présidentiel de Planalto.

"Je dois être très reconnaissant puisque je suis en vie. La tentative de nous empoisonner, moi et Alckmin, n'a pas marché", avait déclaré Lula jeudi dernier lors d'une cérémonie officielle.

Mais la Police fédérale estime que les velléités de l'ex-président d'extrême droite et de ses proches collaborateurs ont été mises en évidence bien avant le scrutin de 2022.

Le rapport d'enquête évoque notamment une réunion le 5 juillet de cette année-là, en présence de M. Bolsonaro, où il aurait été question de "disséminer des informations sciemment non-véridiques" visant discréditer le système d'urnes électroniques utilisé lors des élections brésiliennes.

La Police fédérale fait également état de la "participation de Jair Bolsonaro" dans l'élaboration d'un projet de décret visant à convoquer de nouvelles élections et à faire arrêter le juge Moraes, président du Tribunal supérieur électoral (TSE) lors de la présidentielle.

Le Coup d'Etat n'a finalement pas eu lieu, mais les institutions brésiliennes ont été ébranlées le 8 janvier 2023: des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient alors saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia.

M. Bolsonaro, qui se trouvait alors aux Etats-Unis, fait en outre l'objet d'une enquête visant à déterminer s'il a joué le rôle d'instigateur de ces émeutes.

Interdit de quitter le Brésil depuis février, l'ex-président est inéligible jusqu'en 2030 pour désinformation sur le système d'urnes électroniques utilisé lors du dernier scrutin.

S'il espère faire annuler sa condamnation avant l'élection de 2026, la campagne menée par son camp en vue d'une amnistie semble compromise au vu de ce rapport accablant de la Police fédérale.

Z.Bianchi--IM