De Paris à Marseille, des rassemblements contre les violences faites aux femmes en plein procès Mazan
"La honte doit changer de camp": de Paris à Marseille, des milliers de personnes - beaucoup de femmes mais aussi des hommes - ont défilé samedi pour réclamer un "sursaut" contre les violences faites aux femmes, sur fond d'onde de choc provoquée par le procès hors norme des viols de Mazan.
"Plus on est, plus on sera visible, c'est l'affaire de tous, pas que des femmes", lance Peggy Plou, élue locale d'Inde-et-Loire interrogée dans la capitale au sein d'un cortège de plusieurs milliers de personnes, majoritairement féminin où on croise aussi nombre d'enfants et d'hommes.
"Avec le procès de Mazan, on voit que la honte doit changer de camp", ajoute-t-elle au sujet de l'affaire à l'écho international jugée à Avignon, où une cinquantaine d'hommes sont accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari.
"Il faut mettre en place très rapidement une loi sur le consentement. Ce n'est pas parce qu'on ne dit rien, qu'on est d'accord", plaide Marie-Claire Abiker, 78 ans, infirmière retraitée.
"C'est la première fois que je viens. On n'est jamais assez pour défendre les droits", commente Marguerite de Verdun 37 ans, agente photo, venue avec son fils de deux ans et demi: "C'est important que mon fils participe à l'évolution des pensées . Ça peut se faire dès le plus jeune âge".
- "Tous un rôle" -
A Marseille, quelque 800 personnes, selon la préfecture de police, se sont rassemblées sur le Vieux-Port, avec des mots d'ordre similaires: "Brisons la loi du silence, la honte change de camp" ou "Non, c’est non".
"Je me sens concerné, on a tous un rôle à jouer, les hommes en particulier", observe Arnaud Garcette, 38 ans, qui travaille dans l’aide au développement. "On est à la source du problème et à la source des solutions aussi", ajoute celui qui est venu avec ses deux enfants.
Un peu plus loin, une femme porte une pancarte où elle a barré la phrase "protégez vos filles" pour mettre en avant le slogan "Eduquez vos fils".
A Lille, plus de 800 personnes se sont réunies pour une manifestation dansante, au son de Beyoncé, Clara Luciani ou Aretha Franklin. "En 2018, on n'était quasiment que des femmes. Aujourd'hui il y a, on va dire, 30% d'hommes. C'est vraiment une très bonne nouvelle", s'est réjouie Amy Bah, membre de #NousToutes.
A Rennes, quelque 200 personnes ont bravé une pluie fine, pour se joindre à cette mobilisation annuelle organisée deux jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes - violences tant sexuelles que physiques, psychologiques ou économiques.
- Législation "morcelée" -
L'appel émane de plus de 400 organisations (Fondation des femmes, Planning Familial, #Noustoutes...) et de personnalités (Angèle, Judith Godrèche et Vanessa Springora...).
Des syndicats, dont la CGT et la CFDT, s'y sont joints. "Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires et en baisse", déplorent les signataires, réclamant un "sursaut".
En novembre 2017, Emmanuel Macron avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes une "grande cause du quinquennat". Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été instauré ainsi que des téléphones grave danger et des bracelets anti-rapprochement notamment.
Des mesures saluées par les associations qui les jugent toutefois insuffisantes. "Aujourd'hui nous sommes très inquiets concernant le financement des associations", affirme ainsi Sarah Durocher, présidente du Planning familial.
Les associations réclament un budget total de 2,6 milliards d'euros par an et une "loi-cadre intégrale" pour remplacer une législation actuelle qu'elles jugent "morcelée et incomplète".
La secrétaire d’État chargée de l'Égalité femmes-hommes Salima Saa a promis "des mesures concrètes et efficaces" pour le 25 novembre. Ces mesures viseront entre autres à "améliorer les dispositifs d'aller-vers" les victimes notamment en milieu rural, renforcer "l'accueil et de la prise en charge des victimes" via une "formation des acteurs en première ligne", a-t-elle précisé.
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S.Carlevaro--IM