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Un an après le bal tragique de Crépol, pas de certitude sur l'auteur du coup mortel
Un an après le bal tragique de Crépol, pas de certitude sur l'auteur du coup mortel / Photo: OLIVIER CHASSIGNOLE - AFP/Archives

Un an après le bal tragique de Crépol, pas de certitude sur l'auteur du coup mortel

Un an après la mort du jeune Thomas à Crépol, famille et victimes s'arment de patience alors que la justice cherche toujours qui, parmi les 14 personnes mises en examen, est l'auteur du coup de couteau mortel.

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Le 19 novembre 2023, le "bal de l'hiver" de ce village de la Drôme provençale dégénère avec des affrontements entre des jeunes arrivés en cours de soirée et un groupe de locaux. Dans un contexte confus, les premiers sortent des couteaux et blessent grièvement quatre personnes, dont Thomas, un lycéen de 16 ans amateur de rugby, qui décède dans l'ambulance.

Le dossier enflamme immédiatement la classe politique, la droite et l'extrême droite s'emparant du sujet pour dénoncer une insécurité croissante dans les campagnes venue selon elles des banlieues sensibles.

Rapidement les enquêteurs procèdent à de premières arrestations. D'autres suivront en mars. Au total, 14 personnes, dont trois mineurs, sont mises en examen pour "homicide volontaire et tentative d'homicides volontaires en bande organisée".

En un an, malgré l'audition d'une centaine de témoins et l'existence de vidéos, les enquêteurs n'ont toujours pas acquis de certitude sur l'auteur du coup mortel. Tous les accusés, dont huit restent en détention, nient leur responsabilité, même si les soupçons se resserrent sur deux ou trois d'entre eux, selon une source proche du dossier.

"Il y a 14 mis en examen mais pas 14 meurtriers", résume Me Elise Rey-Jacquot qui défend deux hommes avec son collègue Bilel Hakkar. Elle défend le scénario d'une "bagarre de bal qui dégénère, pas une attaque organisée, planifiée, raciste".

- "Dignes" -

La famille de Thomas, reçue cette semaine par les deux juges d'instruction avec d'autres victimes, est prête à attendre le temps nécessaire aux investigations, selon leur conseil Me Alexandre Farelly.

Elles ont "confiance" dans la justice et font preuve de "patience". "Si on veut qu'elle soit rendue de façon qualitative, il faut lui laisser ce temps", explique l'avocat à l'AFP. "C'est une famille ordinaire, confrontée à quelque chose qui les dépasse. Et ils arrivent à rester dignes", souligne-t-il.

"C'est toujours difficile, sur une scène unique de violences, d'identifier un auteur de coup de couteau, face à des gens qui ne veulent pas toujours parler", note pour sa part Me Denis Dreyfus.

L'avocat se prépare à représenter plusieurs victimes, dont le comité d'organisation du bal et des jeunes blessés lors de la soirée. Certains "n'avaient pas encore trouvé la force" d'entreprendre la démarche de se porter partie civile après "une scène traumatique", constate-t-il.

Dramatique coïncidence. Presqu'un an après, la tragédie s'est de nouveau invitée dans le club de rugby où jouait Thomas: Nicolas Dumas, 22 ans, a été tué par balle à l'extérieur d'une discothèque ardéchoise le soir d'Halloween. Un "acte d'intimidation" qui aurait mal tourné, selon la justice.

"Il y avait une certaine forme d'acceptation et de +vivre avec+ qui s'était instauré" au sein du club, confie Tristan Tardy, l'un des dirigeants du RC Romans-Péage. "J'ai peur que l'on soit replongé dans une période compliquée au niveau psychologique pour beaucoup de jeunes..."

- Identitaires -

Pour tous les protagonistes, il a aussi fallu gérer l'écho médiatique et politique de l'affaire, envahissant les fils des réseaux sociaux, mais aussi les rues, avec des rassemblements de l'ultradroite "pour Thomas" dans plusieurs villes.

Une manifestation aux allures d'expédition punitive a même eu lieu à Romans-sur-Isère dans le quartier de la Monnaie d'où sont originaires certains des suspects.

Alors que le drame était encore dans tous les esprits, Crépol a placé le candidat RN Thibaut Monnier en tête dès le premier tour des législatives anticipées. Il a ensuite remporté la circonscription.

Deux associations identitaires ont tenté de se constituer parties civiles, sans succès, a appris l'AFP de sources concordantes.

Pour justifier leur action, elles s'appuyaient sur les propos de neuf témoins (sur 104) qui disent avoir entendu des propos hostiles "aux blancs" le soir du drame. Mais d'autres "ont entendu des rugbymen vouloir +taper du bougnoule+" après l'arrivée des jeunes, avait affirmé à l'époque Me Romaric Chateau, l'avocat d'un des suspects.

Le parquet, faute d'éléments de preuve en ce sens, n'a pas retenu de circonstances agravantes liées à "la race, ethnie, nation ou religion".

H.Gallo--IM