Bolivie: au moins 30 blessés dans de nouveaux affrontements entre police et manifestants
Des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants, qui bloquent depuis mi-octobre les principales routes de Bolivie en soutien à l'ancien président Evo Morales, ont fait mardi au moins 30 blessés, près de la ville de Mairana, dans le centre du pays.
"Il y a 29 blessés (...) dont 27 policiers", a déclaré la ministre de la Santé, Maria René Castro, précisant que les deux autres étaient un journaliste et un manifestant. L'hôpital local avait fait état plus tôt de 12 policiers et un civil blessés.
Les manifestants ont également brièvement retenu plusieurs policiers et deux journalistes de la chaîne de télévision Red Uno.
Depuis le 14 octobre, les partisans de l'ancien président Evo Morales (2006-2019) bloquent les principales routes de pays pour protester contre la "persécution judiciaire" selon eux de leur leader, mais aussi contre la gestion par le gouvernement de la crise dans laquelle est plongé le pays.
Des manifestants ont "lâchement attaqué" le commissariat de Mairana, causant "plusieurs blessés parmi les policiers", ainsi que des dommages matériels, a indiqué la police sur les réseaux sociaux.
La ville de Mairana se trouve sur la route qui relie La Paz à Santa Cruz, la capitale économique de la Bolivie, dans l'est du pays.
"Nous voulons condamner fermement ce type de violence, car il ne s'agit plus d'une manifestation (...) mais d'actes criminels", a déclaré aux médias la vice-ministre de la Communication, Gabriela Alcón.
Depuis le début des manifestations, 43 personnes ont été blessées, la grande majorité parmi les forces de l'ordre, et 50 manifestants ont été arrêtés, selon le bilan officiel.
- "Enquête internationale" -
Les blocages des routes ont commencé après l'ouverture d'une enquête visant Evo Morales pour le "viol" d'une adolescente en 2015, qui pourrait conduire à son arrestation. Ses avocats affirment que l'affaire a déjà été examinée et classée en 2020.
L'ancien dirigeant se dit lui victime d'une "persécution judiciaire" orchestrée par le gouvernement du président Luis Arce, son ex-ministre de l'Economie et rival pour la présidentielle d'août 2025, à laquelle il entend se présenter malgré un jugement le disqualifiant.
Dimanche, Evo Morales a même affirmé, vidéo à l'appui, avoir été visé par une attaque par balles alors qu'il circulait à bord d'une voiture dans la région de Chapare, dans le centre du pays, accusant "des agents d'élite de l'Etat bolivien" d'avoir tenté de l'assassiner.
Le gouvernement a livré une toute autre version, et affirme que son cortège a ignoré un contrôle de police anti-drogue, accéléré et ouvert le feu, blessant un agent. Le ministre de l'Intérieur Eduardo Del Castillo a qualifié lundi les dires de Morales de "mise en scène".
Mardi, M. Morales a contre-attaqué et directement accusé M. Del Castillo d'avoir voulu le tuer: "Il a organisé et ordonné l'opération", a-t-il écrit sur X, réclamant une enquête internationale et indépendante" d'instances régionales, mentionnant la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et l'Alliance bolivarienne pour les peuples d'Amérique (ALBA).
Le président Luis Arce a affirmé dimanche avoir ordonné "une enquête immédiate et approfondie pour clarifier l'incident". Son vice-ministre en charge de la Sécurité, Roberto Rios, avait déjà précisé que les autorités envisageaient la possibilité qu'il s'agisse d'un "auto-attentat".
Au total, plus de 20 barrages ont été signalés dans le pays, la plupart dans l'Etat de Cochabamba, fief de M. Morales, un ancien cultivateur de coca dont les soutiens sont majoritairement des paysans indigènes. Ces blocages routiers ont accentué les pénuries de carburant et entraîné de longues files de véhicules dans les villes. Les prix des produits de base ont en outre grimpé en flèche sur les marchés.
H.Gallo--IM