A Pékin, le chef de la diplomatie britannique met en garde la Chine sur son soutien militaire à Moscou
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a prévenu vendredi Pékin que son soutien militaire à la Russie pourrait "porter préjudice" à ses relations avec l'Europe, lors d'une visite en Chine censée confirmer le réchauffement des relations entre Londres et Pékin.
David Lammy est le premier ministre britannique à se rendre dans le pays asiatique, partenaire commercial majeur, depuis que le travailliste Keir Starmer a pris la tête du gouvernement en juillet.
Mais malgré le dégel diplomatique en cours après des années de tensions, Londres avait promis avant sa visite que le ministre allait "interpeller" Pékin sur les relations sino-russes dans le contexte de la guerre en Ukraine, les droits humains ou Hong Kong - ex-colonie britannique rendue à Chine en 1997.
David Lammy "a réaffirmé les inquiétudes sur le fait que la fourniture par la Chine d'équipements (militaires à la Russie) risquait de porter préjudice aux relations de la Chine avec l'Europe", a indiqué le Foreign Office dans un communiqué.
Il a également "exhorté (son homologue) Wang Yi à prendre toutes les mesures pour enquêter et empêcher les entreprises chinoises de fournir l'armée russe".
La Chine appelle à des pourparlers de paix et au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays, sous-entendu Ukraine comprise. Mais elle n'a jamais condamné la Russie pour son invasion, lancée en 2022, et les liens économiques et militaires Pékin-Moscou se sont même renforcés depuis cette date.
- "Nouveau point de départ" -
Les deux ministres se sont rencontrés à Pékin dans le complexe diplomatique de Diaoyutai, grand jardin parsemé de bâtiments officiels.
Le chef de la diplomatie britannique a déclaré devant son hôte qu'il subsistait des domaines dans lesquels Pékin et Londres avaient "des perspectives différentes".
Mais il a indiqué espérer que les deux pays puissent "trouver un espace pour discuter de ces domaines de manière constructive". "Aucun de nous n'a intérêt à une escalade ou à davantage d'instabilité", a-t-il déclaré.
De son côté, Wang Yi a indiqué que les relations bilatérales se trouvaient désormais à un "nouveau point de départ", après les tensions liées notamment aux critiques récurrentes du Royaume-Uni sur la répression par la Chine du mouvement pro-démocratie à Hong Kong.
Les deux pays se sont aussi mutuellement accusés d'espionnage et Londres a dénoncé des cyberattaques contre ses élus.
"Nous espérons que les deux parties respecteront leurs préoccupations respectives" et "favoriseront l'entrée des relations sino-britanniques dans une nouvelle phase de développement stable", a déclaré Wang Yi.
Pékin et Londres se doivent d'être "des partenaires pour répondre aux défis mondiaux", a-t-il souligné.
Durant sa visite de deux jours, David Lammy doit également rencontrer des chefs d'entreprises britanniques à Shanghai (est).
- droits humains -
La Chine et le Royaume-Uni avaient renoué le contact à haut niveau en août lors d'un appel téléphonique entre le président chinois Xi Jinping et Keir Starmer.
Les deux pays "ont des intérêts communs, notamment en ce qui concerne la transition vers une énergie verte à l'échelle mondiale, et des liens économiques profonds", avait indiqué jeudi Londres.
La plus grosse pomme de discorde reste toutefois pour le Royaume-Uni la campagne de Pékin pour limiter la liberté de la presse et les manifestations à Hong Kong.
Londres critique les lois sur la sécurité nationale dans le territoire et déplore une érosion des libertés civiles. Mais la Chine avance qu'elle a ainsi réussi à rétablir l'ordre après les manifestations et émeutes. Elle voit toute critique comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
Avant le déplacement de David Lammy en Chine, Keir Starmer avait appelé à la libération du magnat des médias Jimmy Lai, figure majeure du mouvement pour la démocratie à Hong Kong, emprisonné pour atteinte à la sécurité nationale. Un message répété vendredi par David Lammy, selon le Foreign Office.
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi David Lammy à placer le respect des droits humains au "centre" des relations bilatérales.
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V.Barbieri--IM