Trump en meeting, là où il avait failli être tué
Donald Trump revient samedi là-même où le 13 juillet il avait réchappé de peu d'une tentative d'assassinat, à un mois d'un scrutin présidentiel hors normes qui reste marqué par la menace de violences politiques.
Le candidat républicain et ancien président des Etats-Unis participe à un meeting de campagne dans la bourgade de Butler, dans l'Etat crucial de la Pennsylvanie, un mois jour pour jour avant l'élection présidentielle du 5 novembre où il affronte la vice-présidente démocrate Kamala Harris.
Ce déplacement, qui promet d'être haut en couleur, intervient au lendemain de déclarations de Joe Biden s'inquiétant du risque que le scrutin ne soit pas "pacifique".
"Je suis inquiet de ce qu'ils vont faire", lors du vote, a affirmé vendredi le président américain. Donald Trump n'a jamais reconnu sa défaite en 2020 et il dénonce déjà le fait que les démocrates "trichent comme des diables".
La tentative d'assassinat avait été vue comme un moment pivot dans la campagne électorale, alors que Donald Trump se détachait dans les sondages d'opinion face à Joe Biden après son débat télévisé calamiteux, et qu'il s'était rendu deux jours après en "martyr politique" à la convention républicaine.
Mais la campagne a de nouveau basculé quelques jours après, le 21 juillet, avec le retrait fracassant de Joe Biden et son remplacement par sa vice-présidente.
Depuis, la course à la Maison Blanche s'est nettement resserrée et les deux rivaux se livrent un combat très acrimonieux, à l'image de leur unique débat télévisé en septembre, s'accusant mutuellement d'attiser les tensions dans un pays à cran.
La vice-présidente doit se rendre samedi en Caroline du Nord, l'un des Etats du sud-est des Etats-Unis frappés par un puissant ouragan qui a fait au moins 220 morts.
- Elon Musk présent -
Le retour de Donald Trump à Butler se veut visiblement triomphal.
Des dizaines de personnes commençaient à s'y rassembler. Donald Trump aura à ses côtés son colistier J.D. Vance, l'homme le plus riche du monde Elon Musk, des proches de victimes des tirs et des forces de l'ordre qui l'ont protégé.
"Ca va être un grand évènement, vraiment quelque chose d'important et nous allons rendre hommage à Corey (Comperatore) et aux deux gentlemen grièvement touchés", a promis Donald Trump.
Il s'exprimera devant un vitrage blindé.
Le 13 juillet, en plein meeting, un jeune homme avait tiré sur l'ancien président, le blessant à l'oreille, et tuant un sympathisant présent dans les gradins.
Le tribun populiste avait immédiatement saisi la portée de ce choc: l'oreille en sang, effleurée par une balle, protégé et évacué par des agents du Secret Service, le septuagénaire était resté debout le poing levé en signe de défi face aux caméras, exhortant ses partisans à "se battre, se battre, se battre".
La scène, immortalisée sous un grand drapeau américain, a fait le tour du monde.
- "Ils ne t'auront pas" -
Ce jour-là, la campagne électorale avait basculé dans une autre dimension.
L'homme politique, qui a bouleversé depuis une décennie la démocratie américaine, parle depuis quelques minutes de ses thèmes favoris, immigration et criminalité, quand huit détonations claquent.
On voit alors Donald Trump tourner légèrement la tête, porter la main à son oreille et se baisser.
Surgissant sur l'estrade, des agents du Secret Service, la police qui protège le président en exercice, ses prédécesseurs et de hauts dignitaires, l'entourent et l'évacuent sous la sidération et les cris de la foule.
Un journaliste de l'AFP entend alors un homme crier: "ils ne t'auront pas."
Donald Trump avait raconté plus tard qu'il s'était immédiatement enquis du nombre de victimes.
D'après son équipe, il "a pris une balle pour la démocratie".
Le Secret Service avait abattu le jeune tireur Thomas Crooks, 20 ans, juché sur le toit d'un bâtiment à quelques centaines de mètres. La cheffe du Secret Service, Kimberly Cheatle, fut contrainte de démissionner.
Cette tentative d'assassinat, suivie d'une deuxième en septembre sur le golf en Floride de l'ancien président, a provoqué un choc dans le pays et à l'étranger. Les Etats-Unis sont marqués par une histoire politique violente: le dernier président tué fut John Kennedy en 1963.
C.Abatescianni--IM