Attaque contre la SNCF: à la gare Montparnasse, des passagers restent à quai
Dans le hall 1 de la gare Montparnasse, tout près du site de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, des centaines de voyageurs attendent des informations, valise en main: des actes de "sabotage" ont visé vendredi le réseau TGV, et mis à mal leurs plans de voyage.
"Des actes malveillants" entraînent des retards estimés de 30 minutes à 1h50, annonce la SNCF.
Assis au sol contre son sac, Jocelyn, 27 ans, discute avec cinq amis. Il devait partir avec eux quelques jours en Bretagne, justement "pour éviter le début des festivités liées aux Jeux olympiques".
"On nous a expliqué qu'il était possible qu'on ne puisse pas partir avant lundi, lorsqu'on est arrivés vers 07h00. On s'attendait à ce que ce soit un peu le bazar dans Paris avec la cérémonie d'ouverture prévue ce (vendredi) soir, mais on ne pensait pas que ça puisse être à ce point", grogne l'étudiant.
Si quelques agents de la SNCF, en chasuble aux couleurs de l'entreprise, tentent de renseigner les voyageurs, ils ne sont "pas assez nombreux" pour faire face aux centaines de personnes concernées par les retards, déplore Françoise, 63 ans.
Les haut-parleurs diffusent des messages à intervalles réguliers, invitant les passagers à reporter leur voyage "dans la mesure du possible". "La reprise normale des circulations est estimée pour le lundi 29 juillet", affiche l'un des panneaux du hall des départs.
Katherine Abby, une graphiste parisienne de 30 ans, accompagnée de son mari, garde l'espoir de voir son trajet seulement retardé, et non annulé.
"J'ai réservé mes billets pour Biarritz il y a plusieurs semaines, ce sont mes seules vacances de l'année", s'inquiète-t-elle. "J'ai attendu ce moment un an, je serais assez démoralisée de devoir annuler ce voyage, surtout quand on voit ce à quoi ressemble Paris avec les Jeux olympiques".
Sur les panneaux d'affichage de la gare du XVe arrondissement de la capitale, certains trains affichent désormais un retard de plus de deux heures.
La SNCF promet aux passagers des conditions d'échange et de remboursement de leurs billets "fortement assouplies".
- Gestion "anxiogène" -
"Lorsque le trafic fonctionne normalement, il faut déjà se battre pour obtenir un remboursement partiel de son billet, donc cela me semble ambitieux d'affirmer une bonne prise en charge des centaines de voyageurs", doute cependant l'une d'entre elles, Marion Peltré, 28 ans.
"Dans quelques instants, l'ensemble des trains TGV sera retiré de l'affichage et chacun sera réaffiché progressivement au fur et à mesure de leur confirmation": la nouvelle annonce ne fait qu'ajouter à la frustration de nombreux voyageurs.
Ils sont désormais assis dans le moindre recoin de la gare, au sol ou dans les escaliers. Certains en larmes.
Fred Gromier, 50 ans, reste "confiant" pourtant pour son voyage, prévu à 9h30, retardé pour l'instant "seulement" de plus d'une heure.
"Je dois absolument me rendre à La Rochelle puisque je joue dans un festival ce (vendredi) soir, donc je n'ai pas d'autre choix qu'attendre en espérant que la situation se débloque", relativise l'éclairagiste, les yeux rivés sur un panneau d'affichage.
Leur deux filles de trois et cinq ans assises sur leurs valises, Xavier Perres, 42 ans et Hortensia qui préfère taire son patronyme, 40 ans, accusent le coup.
La famille rentre d'un mois de vacances à La Réunion et devait rallier la Bretagne en train en fin de matinée.
"On est prêts à attendre le temps qu'il faudra pour pouvoir avoir un train aujourd'hui (vendredi), mais avec les onze heures de vol qu'on a faites cette nuit, la fatigue commence à se faire sentir", souligne Xavier.
Le couple déplore une gestion des passagers "anxiogène" et "trop peu" d'agents SNCF qui, regrettent-ils, "ne prennent pas le temps d'expliquer la situation" aux voyageurs.
Certains trajets, prévus dès 7h00, affichent désormais un retard de trois heures.
Au total, l'"attaque massive" contre le réseau de trains à grande vitesse affecte 800.000 voyageurs et devrait entraîner des perturbations jusqu'à la fin du week-end, selon le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou.
O.Esposito--IM