Le chiffre d'affaires des restaurateurs et hôteliers affecté par des semaines de météo pluvieuse
Terrasses à l'abandon, glaciers désertés... les fréquentes pluies des derniers mois ont eu un impact négatif sur les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme. Du Sud de la France à la région parisienne, les gérants prennent leur mal en patience.
Quelques couples de touristes se serrent sur la terrasse du Maison Maison, petit café situé sur les quais de Seine parisiens, abrités sous de grands parasols des averses qui tombent sur la capitale depuis des semaines.
"Et là, vous voyez deux fois plus de monde que d'habitude à la même heure", soupire Hocine Hanon, barman de l'établissement.
"Pour nous, le temps qu'il fait est le principal facteur d'affluence", ajoute t-il. Situé en contrebas du pont Neuf, le petit café a pu du moins compter sur les quelques week-ends ensoleillés du mois de mai pour compenser les jours pluvieux, après avoir dû fermer une partie d'avril: gonflée par les pluies, la Seine a connu plusieurs débordements.
"Il est temps que les beaux jours reviennent, parce qu'évidemment, à force, ça plombe un peu les comptes", souffle le barman.
"C'est normal qu'au printemps on connaisse des situations climatiques instables, mais ce qui est anormal, c'est la récurrence", explique à l'AFP Christelle Robert, prévisionniste à l'organisme météo public: "il s'agit d'une situation de blocage, avec les hautes pressions qui restent positionnées au même endroit (...), plus élevées que d'habitude, et des dépressions d'altitudes qui causent un temps particulièrement instable".
- "Moral dans les chaussettes" -
"Le mauvais temps a une conséquence directe sur la fréquentation" des établissements d'hôtellerie, affirme Ophélie Rota, de l'Union des métiers et des industries de l'Hôtellerie (Umih), à l'AFP. "Nos adhérents sont nombreux à constater une baisse d'activité, dans les grandes villes mais aussi sur le littoral".
"Comme toutes les régions littorales, nous dépendons énormément du soleil pour notre activité", abonde Jacques Mestre, patron de restaurant à la Grande-Motte et représentant de l'Umih dans l'Hérault.
"En ce moment je fais 10, 12 couverts par service contre 50 normalement, et nous avons dû fermer un jour ou deux par semaine à cause des intempéries", explique le restaurateur. "On hésite à embaucher. On le ressent directement sur le chiffre d'affaires, et les employés aussi".
"Mais que se passera-t-il si ça continue comme ça en juin?", demande t-il, "et puis, 'il ne faut pas être naïf, ça ne se rattrape jamais".
Durement touchés également, les glaciers et les commerces les plus dépendants de l'ensoleillement et des flux touristiques, qui réalisent l'essentiel de leur chiffre d'affaire au printemps et à l'été.
"A cette période, normalement, on vendrait 150 à 200 cornets", confie Élodie Ducoup, glacière parisienne, "alors que là on va en vendre, une vingtaine, une trentaine. C'est quand même dix fois moins!"
Comment quantifier ce manque à gagner des patrons? Au micro de BFMTV, Thierry Véron a évoqué jeudi une baisse "de 10% du chiffre du chiffre d'affaires par rapport à l'année dernière" en mai.
Une estimation plausible pour Pascal Mousset, président du Groupement des Hôtelleries et Restaurations (GHR) de Paris Ile-de-France, qui évoque même "15 à 30% de baisse de chiffre d'affaires pour les commerces dépendants de leurs terrasses".
Or "les commerçants comptaient sur le mois de mai pour se refaire après un hiver très difficile, marqué par la hausse du prix de l'énergie et la crise du pouvoir d'achat", selon lui.
"On tente de leur remonter le moral avec la perspective des Jeux olympiques", conclut ce restaurateur de profession. "Mais le moral, là, on l'a dans les chaussettes".
R.Abate--IM