Emmanuel Macron de retour dans une cité marseillaise sur fond d'opération anti-drogue "sans précédent"
Emmanuel Macron est en visite surprise mardi à Marseille pour une opération "place nette (...) sans précédent" contre la drogue, deux semaines après le cri d'alarme de magistrats marseillais demandant un "plan Marshall" pour sauver la cité phocéenne du narcotrafic qui l'ensanglante.
"C'est une opération sans précédent que nous avons lancée pour porter un coup d'arrêt aux trafics de drogues, assurer l'ordre républicain, faire +place nette+", a écrit le chef de l'Etat sur le réseau X, en précisant que celle-ci aurait lieu "à Marseille et dans d'autres villes de France".
Pour cette "première opération +Place nette XXL+", Emmanuel Macron s'est rendu à la cité de la Castellane, dans le nord de Marseille, un quartier où il était déjà venu en juin dans le cadre du suivi de son plan "Marseille en grand".
"Il y a eu une très grosse opération hier, qui va durer plusieurs semaines partout dans Marseille", a précisé à une habitante le président de la République sur place: "Le but, c'est d'essayer de détruire les réseaux et les trafiquants et que les quelques-uns qui vous rendent la vie impossible s'en aillent".
"L'idée c'est d'avoir une situation qui soit clairement assainie et d'avoir un impact très fort les prochaines semaines", a déclaré, aux côtés du chef de l'Etat, le nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Edouard Colliex. "Ma feuille de route aujourd’hui, elle est claire : les stups, les stups, encore les stups", avait-il annoncé début mars lors de sa prise de fonction.
Mais mardi matin, Emmanuel Macron, accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et de la secrétaire d'Etat à la Ville Sabrina Agresti-Roubache, a surtout été interpellé sur la guerre en Ukraine, la situation à Gaza ou encore des problématiques de recherche d'emploi, lors d'un bain de foule au cours duquel de nombreux collégiens et lycéens lui ont fait dédicacer leurs carnets de correspondance.
- "Du bon travail" -
"Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait pour la Palestine, M. Macron ?", s'est indigné un habitant, Ahmed Saïd, en l'accusant de "verser de l'eau dans le sable" avec l'action humanitaire de la France dans la bande de Gaza.
Peu après, une mère de famille en pleurs a demandé au président de "faire quelque chose pour les Palestiniens" et de ne pas laisser "ces enfants mourir".
"Calmez vos petits CRS", lui a demandé un jeune, "cela ne sert à rien de nous les envoyer".
La guerre de territoires pour le contrôle des juteux points de deal de la cité phocéenne a ensanglanté Marseille comme jamais en 2023, avec 49 personnes tuées dans des narchomicides, dont quatre victimes collatérales, et 123 personnes blessées.
Si depuis le début de l'année, une certaine accalmie semble se dessiner dans la cité phocéenne, avec "un seul fait à déplorer", mais "ça pourrait reprendre, on a des petits prémices", a alerté mardi le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.
"Avant, la police, ils venaient une, deux fois par jour, maintenant ils sont là tout le temps, pour le +shit+ ils ont fait du bon travail. Comme commerçant, c'est une bonne nouvelle, il y a des gens qui n'osaient pas venir dans le quartier", a estimé Youssouf Issilamou, 32 ans, un Comorien employé d'une boucherie halal de la cité, où il réside.
"Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille", s'était alarmée le 5 mars Isabelle Fort, responsable du service "criminalité organisée" du parquet de Marseille, devant la commission sénatoriale d'enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogues en France.
"Le narcobanditisme agit à Marseille comme une sorte de gangrène qui abîme le tissu social", avait également constaté le président du tribunal judiciaire de Marseille Olivier Leurent, jugeant que l'Etat semblait mener une "guerre asymétrique contre le narcobanditisme".
La visite d'Emmanuel Macron intervient alors que plusieurs coups de filet ont eu lieu récemment au sein des deux principaux gangs, DZ Mafia et Yoda, qui se disputent le contrôle du trafic de stupéfiants dans la deuxième ville de France. Félix Bingui, 33 ans, alias "le chat", le chef présumé du clan "Yoda", a ainsi été interpellé au Maroc début mars.
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L.Bernardi--IM