La communauté internationale se met en ordre de bataille contre le fentanyl
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé vendredi à Vienne la communauté internationale à se rassembler autour de la lutte contre le fentanyl, cette drogue de synthèse qui fait des ravages notamment aux Etats-Unis, lors d'une conférence de l'ONU sur les drogues.
"Mon message à cette assemblée est urgent: si nous voulons changer la trajectoire de cette crise, il n'y a qu'une seule manière de le faire, c'est ensemble", a-t-il déclaré devant les délégués de la Commission sur les stupéfiants de l'ONUDC, réunie pour dix jours dans la capitale autrichienne, afin d'aborder notamment le fléau du fentanyl.
Il a encore souligné que "plus de 40% d'Américains connaissaient quelqu'un qui est décédé d'une overdose" causée par les drogues synthétiques, "principale cause des décès des personnes entre 18 et 45 ans".
Le président américain Joe Biden, en campagne pour sa réélection en novembre, a fait de cette thématique une priorité absolue et Antony Blinken a promis vendredi 175 millions de dollars pour la prochaine année fiscale, qui seraient consacrés à la lutte internationale contre le fentanyl.
"Les drogues synthétiques ont changé la donne, rendant moins coûteuses et plus faciles la production et la contrebande de substances extrêmement puissantes et souvent mortelles. Des drogues telles que le fentanyl sont à l'origine d'un nombre record de décès par overdose, tandis que des laboratoires de production clandestins apparaissent dans de nouvelles régions du monde", a déclaré jeudi la directrice exécutive de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Ghada Waly.
"Ce phénomène s'ajoute à la menace des drogues traditionnelles à base de plantes, mais ne la remplace pas", a-t-elle dit en ouverture de la conférence au siège de l'organisation dans la capitale autrichienne.
Le secrétaire d'Etat américain a mis en place une coalition de 151 pays pour lutter contre le fentanyl, qui transite pour beaucoup par le Mexique et est, le plus souvent, fabriqué à partir de précurseurs "made in China".
Washington a également soumis un projet de résolution devant la Commission, l'organe principal de l'ONU sur les drogues, pour renforcer la prévention et la lutte contre les drogues de synthèse. Ce dernier devait être adopté la semaine prochaine.
Les Etats-Unis pressent notamment Pékin pour freiner le trafic de fentanyl, qui tue des dizaines de milliers d'Américains chaque année.
Une délégation américaine s'était rendue début février en Chine pour des réunions sur ce sujet, faisant suite aux engagements pris lors de la rencontre entre les présidents Joe Biden et Xi Jinping en novembre en Californie.
Aucune réunion bilatérale entre les Etats-Unis et la Chine n'est prévue à Vienne, selon une source diplomatique américaine. Pékin a dépêché à Vienne le vice-commissaire de la commission chinoise contre la drogue, Andy Tsang Wai-hung.
La Russie est représentée par son ministre adjoint des Affaires étrangères Sergey Vershinin.
Le fentanyl est un puissant opiacé de synthèse, utilisé dans le milieu médical, mais dont l'usage peut être détourné comme drogue.
Il est 50 fois plus fort que l'héroïne mais beaucoup plus facile et moins cher à produire.
Des laboratoires chinois sont soupçonnés d'alimenter des narcotrafiquants, notamment mexicains, en substances permettant de fabriquer du fentanyl.
Les Etats-Unis reprochent à la Chine de ne pas faire assez pour lutter contre la production et l'exportation illégales de ces composants du fentanyl.
P.Rossi--IM