Grèce: la "difficile" bataille des secours à la recherche de 10 disparus
Les pompiers et les garde-côtes grecs menaient lundi des opérations jugées "difficiles" à la recherche de dix disparus à bord du ferry italien en feu depuis quatre jours au large de Corfou, après la découverte d'un premier mort la veille.
Une épaisse fumée noire s'échappait toujours de l'Euroferry Olympia de la compagnie italienne Grimaldi, plus de 80 heures après le début du sinistre à bord du navire d'où 281 personnes ont été secourues.
"C'est une opération très difficile" à cause des importantes fumées et de "la pression thermique considérable", a déclaré à l'AFP une porte-parole des pompiers.
Quarante-deux sauveteurs et deux hélicoptères participent lundi aux opérations d'extinction du feu et de recherche des disparus à quelque 3 km de l'île de Corfou (nord-ouest de la Grèce), aidés de remorqueurs et de bateaux des garde-côtes, a-t-elle précisé.
Dix routiers manquent encore à l'appel: sept Bulgares, deux Grecs et un Turc, selon les autorités.
- "Combien de temps?" -
"Je crois que mon mari est vivant et attend de l'aide. Mais combien de temps peut-il attendre? C'est le 4e jour et ils n'ont commencé à intervenir qu'hier", s'exclame Vana Bekiari, femme d'un disparu grec, devant la caméra de l'AFP.
Les températures à bord du ferry "sont supérieures à 400 degrés Celsius à certains endroits", a déclaré lundi le coordinateur des secours, Dimitris Kontogiannis, sur la télévision publique ERT.
Le brasier, les explosions sporadiques et la chaleur intenable ont empêché les sauveteurs de monter à bord samedi.
Jusqu'ici, 279 personnes enregistrées ont été secourues, ainsi que deux migrants clandestins afghans, laissant craindre que d'autres passagers aient pu embarquer sans être recensés.
La plupart ont été immédiatement évacués par bateaux pneumatiques, puis un routier bélarusse de 21 ans l'a été dimanche après une cinquantaine d'heures resté prisonnier du ferry.
Mais le corps d'un routier grec de 58 ans a été retrouvé dimanche dans un camion carbonisé dans les cales du bateau : il s'agit de la première victime décédée recensée.
L'Euroferry Olympia s'est embrasé vendredi à l'aube, en route pour le port italien de Brindisi, deux heures après son départ du port grec d'Igoumenitsa, avec 290 personnes - 239 passagers et 51 membres d'équipage - enregistrées à bord.
Nombre de rescapés ont déjà rejoint l'Italie ou leur pays d'origine.
Trois blessés restent hospitalisés lundi, le Bélarusse secouru dimanche, un Bulgare et un Roumain, pour des difficultés respiratoires, a déclaré aux médias le directeur de l'hôpital Leonidas Roumbatis.
- "Tous fous ou menteurs" ? -
Selon plusieurs témoignages, de nombreux routiers préfèrent dormir dans leurs camions pendant la traversée de nuit entre la Grèce et l'Italie, à cause des conditions inadaptées dans les cabines, selon le syndicat grec des chauffeurs-routiers.
"Nous avons beaucoup de plaintes sur les conditions de vie des routiers" à bord des ferries, a déclaré le président du syndicat, Akis Dermatis.
"Ils le disent depuis des années, ils ne peuvent pas tous être fous ou menteurs", a-t-il dit sur la télévision publique ERT.
"Les cabines sont comme des écuries", a déclaré Vana Bekiari, épouse de l'un des camionneurs grecs disparus, aux journalistes se trouvant sur le port de Corfou alors qu'elle attendait des nouvelles sur l'opération de sauvetage.
"Quatre chauffeurs dorment dans une seule cabine en pleine pandémie", a-t-elle ajouté.
Mais la compagnie italienne rejette ces accusations, assurant que ses bateaux, leurs cabines et leurs espaces publics sont "régulièrement désinfectés" et que personne n'est autorisé dans les garages pendant la traversée.
Conformément à la législation internationale, le ferry, construit en 1995, avait passé avec succès une visite de contrôle le 16 février, a précisé le groupe italien.
Avec "77 cabines (308 lits) et 409 sièges, le bateau peut facilement accueillir les 239 passagers pour un voyage de neuf heures", selon un communiqué de Grimaldi, publié dimanche.
Le précédent incendie sur un ferry dans cette partie de la Méditerranée remonte à décembre 2014 sur le Norman Atlantic, un navire italien, parti de Patras (Grèce) vers Ancône (Italie). Il avait fait 13 morts dont neuf passagers.
K.Costa--IM