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La police cherche à faire partir les derniers contestataires d'Ottawa, plus de 100 arrestations
La police cherche à faire partir les derniers contestataires d'Ottawa, plus de 100 arrestations

La police cherche à faire partir les derniers contestataires d'Ottawa, plus de 100 arrestations

Plus de dix heures après le début de l'opération, la police canadienne était toujours vendredi soir à pied d'oeuvre pour déloger les derniers camionneurs et manifestants qui bloquent Ottawa depuis trois semaines pour protester contre les mesures sanitaires.

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Les forces de l'ordre, déployées par centaines dans les rues de la capitale fédérale, ont annoncé avoir interpellé plus de 100 personnes et remorqué une vingtaine de véhicules.

Malgré de longs face-à-face, aucun heurt n'a éclaté et il n'y a pas eu de blessés.

Dès jeudi, les policiers avaient érigé un périmètre autour de la zone de la manifestation. Ils se sont efforcés tout au long de la journée de resserrer l'étau autour des manifestants, qui refusent de quitter les lieux malgré les nombreux avertissements et la proclamation de l'état d'urgence.

Le chef par intérim de la police d'Ottawa Steve Bell a indiqué que l'opération se déroulait "comme prévu" mais qu'elle prendrait "du temps". En début de soirée, même s'il restait des véhicules, de nombreux camionneurs ont retiré leur poids lourd des rues autour du parlement ces dernières heures, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les autorités continuent d'avertir les manifestants qu'ils doivent quitter la zone.

"Vous devez partir. Vous devez cesser toute activité illégale et retirer immédiatement votre véhicule et/ou vos biens de tous les sites de protestation illégaux. Toute personne se trouvant sur le site d'une manifestation illégale peut être arrêtée", a tweeté la police.

- "Comme César" -

La plupart des meneurs de la contestation ont été arrêtés. Le militant d'extrême droite Pat King a été interpellé vendredi en début d'après-midi alors qu'il quittait la ville. Son arrestation s'est faite en direct sur Facebook Live. Peu après, c'était au tour de l'ancien policier Daniel Bulford.

Deux autres leaders, Tamara Lich et Chris Barber, avaient été arrêtés jeudi soir.

Minimisé au départ par les autorités, ce mouvement, initié il y a trois semaines, est parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vaccinés pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.

Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau. Ce dernier a dit jeudi que cette contestation n'avait plus rien de "pacifique".

Certains manifestants avaient juré avant l'intervention policière de tenir jusqu'au bout. Installé depuis le premier jour, Csaba Vizis s'est dit prêt à "rentrer chez lui glorieux comme César ou dans un sac mortuaire". "Je n'ai rien à perdre, je gagne ça ou je meurs", affirme ce camionneur de 50 ans.

Sur son compte Twitter, le mouvement tentait encore vendredi de rallier: "Si vous n'êtes pas d'accord avec les excès illégaux et sans précédent du gouvernement, abandonnez tout ce que vous faites et venez faire entendre votre voix! Canadiens, votre pays a besoin de vous".

- "Menace financée par l'étranger" -

Pour la première fois depuis le début de cette contestation qui se déroule sous les fenêtres du Parlement fédéral, ce dernier est resté fermé vendredi. "La séance d'aujourd'hui est annulée" pour des raisons de sécurité, a annoncé Anthony Rota, le président de la Chambre des communes.

La chambre examine depuis jeudi la mise en œuvre de la loi sur les mesures d'urgence invoquée lundi par Justin Trudeau pour mettre un terme aux blocages "illégaux" en cours dans le pays.

C'est seulement la deuxième fois que cette disposition est utilisée en temps de paix, la dernière fois remontant à la crise de 1970 quand Pierre Elliott Trudeau, le père de l'actuel Premier ministre, était au pouvoir. Elle est très contestée par l'opposition conservatrice.

"Notre économie et notre démocratie font face à une menace sérieuse et financée par l'étranger", a estimé vendredi la vice-Première ministre Chrystia Freeland.

"On ne peut permettre à ces blocus et occupations illégaux d'usurper l'autorité de gouvernements démocratiquement élus", a-t-elle ajouté. La veille, elle avait indiqué que des comptes bancaires de personnes ou d'entreprises liées à la manifestation avaient été gelés.

Selon le gouvernement, les blocus aux frontières de la part de manifestants ont coûté des "milliards de dollars à l'économie canadienne". Ce sont ces blocages et notamment celui pendant sept jours du pont Ambassador, qui relie l'Ontario à la ville américaine de Detroit, qui ont poussé Washington à intervenir auprès du gouvernement de Justin Trudeau.

La ville d'Ottawa, la province de l'Ontario et le Canada dans son ensemble ont été placés en état d'urgence en raison de ce mouvement de contestation sans précédent.

R.Marconi--IM